Perte d’un enfant : se libérer de sa colère

17 Oct 2023

« Tout ce à quoi je résiste, persiste »

Une grossesse sur 2 se termine par la perte d’un enfant soit suite une IVG, une IMG, une fausse couche ou suite à une mort in utéro. Suivant la manière dont la femme a investi sa grossesse et des conditions de la perte de l’enfant, le travail de deuil peut être plus ou moins difficile à faire, plus ou moins long à vivre. Il n’y a pas de règle en matière de deuil : la femme peut accepter cet événement sereinement mais aussi vivre un véritable tsunami émotionnel. Cela peut se produire de manière consécutive à la perte de l’enfant ou s’il y a eu un déni de la perte, ressurgir des années plus tard lors d’un événement sans aucun lien apparent. Le vécu émotionnel lié à la perte de l’enfant peut remonter à la surface accentuant la détresse émotionnelle de la femme à cet instant. Une colère peut être ressentie intensément face à l’inacceptable. Protectrice à plusieurs égards pour se protéger de la réalité, la colère si elle dure dans le temps peut empêcher le travail de deuil et vous conduire dans le déni ou vers ce que l’on appelle un deuil bloqué.

A quoi sert cette colère ?

 

La colère est la première phase d’un deuil et dure majoritairement quelques jours seulement. C’est une protection psychique pour faire face à la brutalité de la perte. Votre esprit n’aime pas ce type de changement et va s’en prémunir en utilisant la colère pour se défendre et se protéger. Selon ce qui est vécu, la colère va se porter sur différents ressentis. En cas d’IVG, vous pouvez vous en vouloir de ne pas avoir été prudente, de ne pas avoir pris de contraception, d’avoir pris une contraception défaillante. Dans le cas d’une fausse couche ou d’une IMG (interruption Médicale de Grossesse), vous pouvez vous en vouloir de ne pas avoir réussi à garder l’enfant, de ne pas vous être reposée, de ne pas vous être prémunie du stress, de ne pas avoir donné envie au bébé de rester, de ne pas lui avoir donné ce qu’il faut pour son bon développement. Dans tous les cas, la colère peut être dirigée vers vous-même, dans une auto critique permanente. A termes, si vous restez bloquée dans cette phase, cela peut devenir néfaste pour votre confiance en vous.

La femme blessée peut diriger en même temps sa colère vers les autres et développer un comportement agressif envers son entourage : mari, personnel soignant, médecin, amis, famille : elle a besoin d’un coupable à sa perte. Cette colère, même si elle est inappropriée vous permet de commencer à prendre conscience de la réalité et de commencer à y faire face.

 

Comment évacuer cette colère ?

 

Acceptez votre colère

Pour pouvoir se libérer de la colère il faut déjà accepter sa présence. Vous pouvez la questionner : que vient-elle dire, que cache t-elle, quels sentiments/quels ressentis se camouflent derrière elle : peur, honte, doute, remords etc… Toutes les émotions peuvent intervenir dans un deuil et elles sont toutes légitimes.

Évitez les contrariétés supplémentaires

Pour vous aider à ne pas alimenter cette colère, il convient d’éviter d’ajouter toutes autres sources de colère extérieures, de réduire les contrariétés et au contraire de choisir des activités agréables. Si vous vivez régulièrement des disputes au sein de votre entourage, source de frustration et de ressentiments, une aide ponctuelle chez un thérapeute pratiquant l’analyse transactionnelle pourra vous aider. Vous pourrez obtenir des clés pour améliorer votre communication et ne plus mordre à l’appât d’échange toxiques et néfastes pour votre sérénité.

Exprimez votre colère 

Laissez sortir votre colère en exprimant ce que vous ressentez. Pour cela, vous pouvez participer à des groupes de paroles, à des forums en ligne. Vous serez entourée de personne qui vivent la même chose que vous : leur témoignage sera aidant et vous permettra d’avancer dans votre travail de deuil. Vous pouvez également écrire de manière libre, sans filtre et laisser libre cours à votre colère sur le papier. Vous pourrez détruire ces écrits une fois la colère passée. Si la colère dure trop longtemps ou est trop envahissante, n’hésitez pas à vous tourner vers un thérapeute qui pourra accueillir vos émotions et vous guider vers l’apaisement. L’important est de vous soulager des émotions encombrantes et trouver l’apaisement.

Soyez indulgent envers vous même

Le travail de deuil consiste à accepter la réalité de la perte et non à oublier la vie que vous avez porté. Laissez vous du temps pour accepter cela et soyez bienveillant avec vous même. Autorisez vous à pleurer : cela vous permettra d’évacuer vos émotions et de relâcher la pression. Ne résistez pas face à vos émotions : vivez les, même si c’est difficile. Plus vous résistez et plus la souffrance risque de persister. Vous êtes « simplement emporté par l’ouragan émotionnel du deuil. Un jour, le vent tombera. Aucun ouragan ne dure toute une vie… »*

Suite à cette première phase, vous pouvez vivre une période de tristesse, où vous pouvez ressentir de la culpabilité, du doute, de l’ennui. Je décris cette phase et donne des clés pour en sortir dans mon prochain article. Cliquez sur le lien suivant pour y accéder.

Charlène

 

*Vivre le deuil au jour le jour, Christophe Fauré

Sources :

« Vivre le deuil au jour le jour », Christophe Fauré

« Quel âge aurait-il aujourd’hui? », Stéphane Clerget