Et si vous étiez victime d’un racket émotionnel?

4 Juil 2023

Article 1/2

     Vous êtes vous déjà demandé à quoi ressemblerait votre vie sans émotion ? Imaginez l’espace d’un instant ne rien ressentir en écoutant de la musique, en regardant un tableau, en rencontrant une personne, en mangeant un plat délicieux… Quel ennui, n’est ce pas ? Sans elles, on se confronte au vide car en réalité les émotions nous permettent de vivre des relations riches avec l’autre et avec le monde extérieur. Pourtant, lorsque l’on est trop souvent chahuté par nos émotions, on aimerait qu’elles se calment pour ne pas subir leurs débordements. Excès de peur, de joie, de tristesse, de colère? D’où cela peut-il venir? Eric Berne, psychiatre américain et fondateur de l’analyse transactionnel a mis en évidence que l’être humain pouvait racketter ses émotions et se mettre en déséquilibre.

      De quoi parle t-on exactement ?

     On parle de racket émotionnel lorsqu’on remplace une émotion authentique, véritablement ressentie, par une autre émotion socialement mieux acceptée. Prenons l’exemple d’une petite fille, Jeanne, qui vit une situation qui la met en colère. Sa mère lui retire ses jouets parce qu’il est l’heure d’aller manger. Elle hurle et se met à protester car elle veut continuer à jouer. La maman la gronde pour son comportement et la met au coin pour réfléchir. Plus tard dans la journée, au moment d’aller au lit pour la sieste, Jeanne se met à pleurer et ne veut pas aller dans son lit. Sa maman, attentive, discute avec la petite et comprend que sa fille a peur car il n’y a pas de lumière et qu’elle a peur des fantômes. La maman va donc lui installer une veilleuse et réconforter sa fille pour qu’elle puisse dormir sereinement. Automatiquement, la petite fille comprend que lorsqu’elle exprime la peur, elle a l’attention de sa mère alors qu’avec la colère elle n’obtient pas la reconnaissance de ses besoins. Des situations différentes se répètent au cours de son enfance et convergent vers la même conclusion : dans sa famille, elle a appris qu’il n’était pas convenable d’exprimer la colère. Le code de loi familial interdit l’expression de cette émotion sous peine d’être mis à l’écart du clan. En revanche, ce même code autorise l’expression de la peur. Lorsque Jeanne exprime cette émotion, elle obtient l’attention et la reconnaissance dont elle a besoin.

      Quelle conséquence pour la suite?

     Dès l’enfance, je vais percevoir et comprendre ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas et je vais l’intégrer. L’émotion de remplacement est apprise et encouragée dans l’enfance. Dès lors, dans le cas de Jeanne, elle va inconsciemment et automatiquement exprimer de la peur pour avoir la reconnaissance de ses proches lorsqu’elle est en colère. Nous apprenons instinctivement à censurer certaine émotion interdite dans le cercle familial. Une fois adulte, en situation de stress, on va automatiquement reproduire les scénarios qui fonctionnaient dans notre enfance. Dans l’exemple donné, si Jeanne ressent de la colère au travail car elle n’a pas eu l’augmentation qu’elle voulait, elle peut changer inconsciemment cette émotion par la peur, qui la fige et l’empêche d’aller réclamer ce que que sa hiérarchie lui a promis. Elle peut transférer sa peur de façon disproportionnée sur un dossier qu’elle craint de ne pas terminer à temps et s’en plaindre sans arrêt. Inconsciemment, elle cherche l’attention de son patron pour obtenir la reconnaissance dont elle a besoin pour le travail qu’elle accomplit. Cette situation peut amener à des incompréhensions et des conflits relationnels. On comprend par cet exemple que ces rackets émotionnels nous empêchent de résoudre des problèmes une fois adulte. A terme, Jeanne pourrait se placer en victime en disant que, de toute façon, elle n’obtient jamais ce qu’elle veut et se fait toujours avoir. Et pour cause ! Lorsqu’on se prive d’une émotion, on se prive de ses fonctions.

Suite de l’article : Et si vous étiez victime d’un racket émotionnel? | Charlène Prime (charleneprime.com)

Charlène